Communiqués Interpro

 23 mesures pour la Seine Saint-Denis : le compte n’y est pas !

 

Jeudi dernier, 31 octobre, le gouvernement d’Edouard Philippe a présenté à Bobigny ses 23 mesures d’urgences pour la Seine Saint-Denis. L’objectif de ce plan, établit un an et demi après la sortie du rapport parlementaire, serait de réduire voire de gommer les inégalités dont est victime notre département. Dans l’Education Nationale, plusieurs mesures ont été annoncées :

Une prime de « fidélité » de 10 000 € versée aux fonctionnaires « en première ligne » après 5 années de service en Seine Saint-Denis.

Au vu du blocage de nos salaires, cette annonce pourrait être bien accueillie par nos collègues. Mais si nous comparons ce montant avec le gel du point d’indice depuis 2000 (-17%), nous constatons que sur l’ensemble d’une carrière cette prime ne compense pas la perte de salaire. Surtout, elle répond à la demande d’amélioration des conditions de travail exprimée largement par beaucoup de collègues suite au suicide de Christine Renon par une simple « mesure-pansement », qui laisse penser que les difficultés du département sont une fatalité. Une fois encore, nos gouvernants ne répondent absolument pas aux enjeux d’un service public d’éducation de qualité en Seine Saint-Denis.

Affectation de 20 M€ supplémentaire de dotation de soutien à l’investissement public local alimenté à hauteur de 2 M€ par an pendant dix ans pour financer les investissements d’immobilier scolaire réalisés par les collectivités locales en Seine-Saint-Denis.

Là encore, cette mesure vise à réparer une inégalité (la Seine Saint-Denis était le seul département dans lequel les dédoublements de classes étaient impossibles faute de locaux suffisants) en occultant d’autres inégalités créées par ce même dispositif imposé sans moyens. En effet, cette enveloppe ne sera pas non plus allouée à l’amélioration des conditions de travail des collègues car, rappelons-le, ce dispositif s’était traduit par des hausses d’effectifs dans les autres niveaux de classe. De plus, d’après les éléments communiqués, aucun fond n’est prévu pour le second degré.

Mise en place d’un « dispositif de pré-recrutement » (contrats de pré-professionnalisation) en Seine Saint-Denis, bénéficiant à 500 étudiant·es par an à horizon de trois ans.

Loin d’être une nouveauté, ce dispositif est déjà mis en place depuis cette rentrée 2019 via la réforme de la formation initiale. La CGT Educ’Action 93 réaffirme qu’être enseignant·e, est un métier qui s’apprend, elle défend une formation professionnelle des enseignant·es, publique, gratuite et adossée à l’université́. Nous revendiquons le retour à un financement national récurrent pour les INSPÉ ainsi que le respect de pratiques démocratiques dans la formation (dialogue social, co-construction avec les stagiaires, etc.). Nous revendiquons la construction de formation sur 5 ans : La préparation au concours en L3, l’admission ET l’admissibilité niveau L3 ; Deux années de master rémunérées en qualité de fonctionnaire-stagiaire ; Deux années de néo-titulaire dotées d’une décharge de service pour des compléments de formation.

Extension à tout le département du dispositif « le choix de l’école » qui accompagne les jeunes diplômés sortant de grandes écoles vers l’enseignement et les collèges de l’éducation prioritaire de la Seine-Saint-Denis.

« Le choix de l’école », nouveau nom de « Teach for France » est un réseau qui bénéficie d’un financement privé et utilise l’école comme une voie de transmission de l’économie de marché et des méthodes managériales. Le rectorat de Créteil ne communique aucune information aux organisations syndicales, ni sur les conventions signées avec « Le choix de l’école », ni sur les affectations de ces « enseignant·es ». Entre ce dispositif et l’ouverture de l’Institut des Vocations pour l’Emploi de Clichy-sous-Bois, le gouvernement fait clairement le choix de développer l’enseignement privé et managérial en Seine Saint-Denis. La CGT Educ’Action 93 combattra ces pratiques de privatisation du service public d’éducation avec détermination.

Saint-Denis, le 8 Novembre 2019

Communiqué