Tracts Collège

 Continuité pédagogique : quels sont nos droits ?

 

La fermeture de nos établissements scolaire depuis le 17 mars est une situation inédite qui nous a forcé à redéfinir un cadre de travail dans l’urgence. Cela soulève un certain nombre de questions sur les pratiques pédagogiques, les conditions de travail et d’étude, mais aussi sur les outils mis à disposition des personnels et des élèves par l’administration. Le ministère par ses injonctions répétées et floues, associées à un manque de moyens matériels et humains que nous dénonçons depuis des années a généré chez les personnels une souffrance importante. De nombreux collègues en cette veille de vacances sont épuisés voire en situation de mal être.

L’impréparation du Ministère malgré les « nous sommes prêts » médiatiques dont personne n’est dupe a entrainé sur le terrain une mise en compétition entre les collègues, un sentiment d’impuissance face aux inégalités fortes dans notre département et de solitude face au flou de nos missions durant cette période pourtant anxiogène.

Ne nous trompons pas donc ! Si le confinement est une situation exceptionnelle qui place l’ensemble de la population dans une position difficile, ce sont les politiques du Ministère menées depuis des années dans le but de détruire les services publics d’éducation qui sont les seules responsables du décrochage de la majeure partie de nos élèves en ce moment. Le confinement n’est pas le responsable, il n’est qu’un amplificateur du phénomène de rupture d’égalité dénoncé avec force par la CGT depuis toujours.

Il est donc essentiel de rappeler à nos collègues leurs droits dans cette période de confinement.

● Le principe premier étant la liberté pédagogique garanti par le code de l’Education : On ne peut pas vous imposer quelque pratique pédagogique que ce soit. La liberté pédagogique est garantie durant le confinement. De même, les recommandations pédagogiques qui prévalent sont celles envoyées par mail par vos inspecteurs et par personne d’autre.

● Droit à la déconnexion en dehors de vos heures de service et pendant les vacances. Cela veut dire que vous n’êtes pas tenu de répondre aux mails, aux appels téléphoniques, ni même de vous connecter aux plateformes de votre établissement.
Pour en savoir plus : https://droitaladeconnexion.info/

● Comment évaluer nos élèves ? Pour rappel, l’évaluation est obligatoire, pas la notation. Vous n’êtes donc pas tenu de noter vos élèves durant la période de confinement. Pour la CGT Education 93 vouloir à tout prix enseigner de nouvelles notions et noter les élèves durant la période de confinement va inévitablement aggraver les inégalités scolaires, entre les élèves qui auront été dans des conditions matérielles propices aux apprentissages et les autres. C’est pourquoi nous nous y opposons.

● L’appel aux familles : On ne peut pas vous obliger à appeler toutes les familles. Légalement, on ne peut obliger un employé à téléphoner que si un téléphone professionnel est mis à sa disposition. Pour autant, nous appelons à ne pas couper le lien avec les familles, notamment pour les élèves les plus fragiles.

Annonces de Blanquer : Non à l’enfumage !

Blanquer annonce la possibilité de donner des « cours de soutien » pendant les vacances. Rappelons que si l’objectif semblerait de remonter le niveau des élèves fragiles, il ne l’atteindra probablement pas puisque les élèves mis en difficulté par l’enseignement à distance sont souvent ceux qui ne se connectent pas aux outils numériques.

En outre, il s’agit donc bel et bien de travail pendant les vacances scolaires et il faudra combattre toute pression envers les collègues les plus fragiles à accepter contre leur gré ces cours de soutien.

La CGT Education dénonce le danger d’un tel dispositif : Blanquer a martelé depuis son arrivée au ministère son souhait que les enseignants travaillent pendant les vacances (en suivant des formations ou en faisant du soutien).

Blanquer a également annoncé la tenue des examens par contrôle continu ; c’est donc l’application concrète de sa volonté du renfort du contrôle continu que nous dénonçons. En effet la prise en compte partielle ou totale dans l’obtention d’un examen ne fait que creuser les inégalités entre les élèves. Cela ouvre la voie à une concurrence accrue entre les établissements et donc le renforcement d’une école à deux vitesses. D’autres modalités d’évaluation sont possibles : pour la CGT, soit un retour en classe le 4 mai est possible auquel cas il était encore faisable et souhaitable de maintenir des épreuves aménagées, soit la situation sanitaire ne permettait pas la tenue d’épreuves écrites, auquel cas il était envisageable de réfléchir à des épreuves orales, comme cela s’est passé en 1968. !

Avec ces dispositifs, il met clairement un pied dans la porte. Certes, on nous parlera de situation exceptionnelle, mais ceux qui regardent un peu l’évolution de notre profession verront vite que l’exception a tendance à y devenir la règle ...

→ Si vous rencontrez des difficultés à faire valoir vos droits, vous pouvez nous contacter par mail : 93@cgteduccreteil.org

→ Vous trouverez également des ressources et informations sur ce site : https://luttevirale.fr/

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