Documents CT sur les moyens Collège

 DHG de collège : -100 équivalent temps plein à la rentrée 2019 !

 

Malgré la colère sociale grandissante dans le pays, la répartition ministérielle des moyens de la rentrée 2019 nous rappelle que nous faisons toujours face à un gouvernement qui mène une politique d’austérité contre les services publiques et les augmentations de salaires. Le Comité pour l’Action Publique 2022 s’est donné pour objectif principal de procéder à une réduction drastique des dépenses publiques. La volonté de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat s’est concrétisée pour notre ministère par la suppression de 2600 postes enseignant·es dans les collèges et lycées, et 400 postes dans les services administratifs. Un plan social sur 4 ans est annoncé en gestion-administration en lycée professionnel avec 1500 suppressions de postes.
Il s’agit bien d’un choix politique. Encore une fois cette année, la fraude fiscale est estimée par la Cour des comptes entre 50 et 80 milliards d’euros. Les grandes entreprises bénéficient encore cette année du CICE pour un montant de 40 milliards d’euros. Les groupes du CAC 40 ont versé 57,4 milliards d’euros pour leurs actionnaires, une progression de 12% en un an, de 62% par rapport à 2009. Oxfam a également rappelé cette semaine que 26 milliardaires ont autant d’argent que la moitié de l’humanité…
Dans les collèges du 93, le moins que l’on puisse dire est que la courbe du taux d’encadrement (le H/E, Heures/Elèves) ne suit pas celle des dividendes versées aux actionnaires. Le taux d’encadrement est encore plus bas que cette année avec un H/E de 1,392. Rappelons qu’en 2011 il était de 1,478. Si nous appliquions ce taux de 2011, c’est-à-dire après les 80 000 suppressions de poste des gouvernements Sarkozy, il faudrait malgré tout 370 Équivalent Temps Plein de plus pour la rentrée 2019 pour avoir le même taux d’encadrement qu’en 2011.
Sans remonter à la situation d’il y a 8 ans, il faut noter que les documents soumis à ce CTSD prévoient pour les collèges du 93 pour la rentrée de septembre 2019, 100 ETP de moins qu’en septembre 2018. Rentrée qui s’est pourtant faite dans les collèges avec 120 ETP de moins qu’en septembre 2017… Cette dotation de moyens de 2019 est dans la droite ligne du tournant de la dernière rentrée affichant un renoncement à toute politique d’éducation prioritaire dans le second degré.
Les personnels vont voir leurs conditions de travail se dégrader toujours plus, mais ce sont les élèves les plus fragiles qui seront les premières victimes du désengagement de l’État en Seine-Saint-Denis. Les dotations d’UPE2A restent à 22h contre 26h il y a quelques années soit une économie sur les primo-arrivants de 248 heures, 13,7 ETP. Auxquels s’ajoutent cette année, la baisse des dotations relatives au suivi des élèves ex-allophones qui passent de 6h à 4h, soit 132h de moins, soit 7,33 ETP ainsi que les heures « modules relais » réduites de 7 à 5h.
Dans la répartition proposée par vos services au CTSD : 43 classes supplémentaires dans les collèges pour 2039 élèves de plus annoncés en CTA, soit une ouverture de classe tous les 46 élèves supplémentaires. Cela explique la dégradation du nombre d’élève par division dans un département pourtant marqué par une concentration forte des difficultés sociales et scolaires. Ce sont à celles et ceux qui ont besoin de plus que l’on retire des moyens. Comme chaque année, nous dénonçons des effectifs qui ne prennent pas en compte les élèves relevant de dispositifs spécifiques (ULIS, UPE2A) qui s’ajoutent aux effectifs des classes. Plus que jamais, nous réclamons la double-inscription de ces élèves.
Sur l’académie, sur 130 ETP supplémentaires alloués par le Ministère, ce sont seulement 2 postes de créés, tout le reste étant abondé en heures supplémentaires. Dans les collèges du 93, ce sont 831 HSA supplémentaires pour la rentrée 2019 soit 46 ETP ! Le global des HSA sur les seuls collèges du département représente plus de 495 ETP. Nous faisons clairement le lien avec la mesure visant à imposer la deuxième heure supplémentaire que le Ministre veut imposer à la rentrée prochaine. Face au climat social actuel et la popularisation de la problématique de nos salaires, par exemple à travers les Stylos rouges, le ministre a dû répondre à la question du blocage des salaires. Nous trouvons dans ce budget sa réponse : si vous voulez une augmentation de salaire il va falloir travailler plus ! Pas de dégel du point d’indice et encore moins de rattrapage des salaires mais une obligation à augmenter son temps de travail en étant moins bien payé, car pour une majorité de personnels, c’est travailler plus pour gagner moins que le taux horaire d’une heure normale de travail !
Pour une augmentation prévue de 2039 élèves dans les collèges du département, cette année encore aucun poste de personnel CPE, d’infirmier·e, assistant·e social·e ou d’administratif·ve n’est prévu. Cette non dotation ne pourra donc pas répondre aux difficultés des établissements. Nos collègues administratif.tives vont subir la suppression de postes annoncée au niveau ministériel, cela ne va détériorer leurs conditions de travail déjà très dégradées, que ce soit dans le services ou les établissements. Nos élèves ont besoin d’enseignant.es mais aussi de personnels santé sociaux, de CPE et d’AED. En ce qui concerne le service social nous tenons à souligner que des lycées ne sont couverts qu’à mi-temps, alors même que leur public est issu de REP ou REP+. Certains collèges REP sont pris en charge par des Conseillères Techniques qui n’assurent leur service d’AS qu’à mi-temps. Les difficultés que nous rencontrons dans nos établissements doivent susciter des réponses de type socio-éducatives. L’exemple de la nomination d’un troisième proviseur adjoint au lycée Maurice Utrillo de Stains en est à l’inverse de cela. Nous rappelons que les personnels mobilisés de l’établissement demandent que les moyens qui ont été alloués à la création de ce poste soient utilisés pour recruter des personnels éducatifs ou sociaux. Pour les collèges, lycées et écoles, un plan d’urgence des services d’éducation s’impose pour notre département.
Le gouvernement n’a pas l’ambition de l’émancipation de chaque jeune et n’est pas décidé à y consacrer les moyens nécessaires. Son choix politique est plutôt celui plus ou moins assumé d’organiser une sélection à l’entrée de l’université et ainsi rajouter des barrières aux élèves les plus fragiles pour l’accès à l’enseignement supérieur. Les réformes des voies professionnelle, technologique et générale du lycée participent de cette école de la sélection en pré-orientant les élèves dès la sortie du collège. La CGT continue à dénoncer les contre-réformes mises en œuvre par Jean-Michel Blanquer qui rendent possible des milliers de suppressions de postes, elles modifient aussi en profondeur notre école et le sens de nos métiers. Nous condamnons depuis de très nombreux mois, la politique gouvernementale et les attaques contre les salaires, les pensions, les minimas sociaux et la protection sociale.