Tracts UPE2A

 Élèves migrants : pour un enseignement adapté de qualité !

 

Nous sommes plus qu’inquiets face aux nouvelles mesures de casse de l’enseignement adapté pour les élèves migrants, c’est pourquoi nous adressons cette lettre ouverte.

Des temps d’attente indécents avant d’être scolarisés

Le code de l’éducation stipule que « tout enfant [de moins de 18 ans] a droit à une formation scolaire (art. L111-1). Par ailleurs, il précise que « l’instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers » (art. L131-1).

Dans le 93, nous sommes contraints de déplorer que, concernant les élèves migrant-es dans le second degré, l’État ne respecte pas cette obligation de scolarisation car de nombreux élèves attendent jusqu’à 1 an avant d’être scolarisés, beaucoup de jeunes ne sont même jamais affecté-es dans une classe.

Des classes d’accueil en nombre insuffisant

Les élèves qui ne disposent pas d’une maîtrise suffisante de la langue française bénéficient théoriquement d’une année d’enseignement en classe d’accueil. Ces classes sont un tremplin qui permet ensuite aux élèves d’intégrer le cursus scolaire classique. Pour nombre d’élèves migrant-e-s, elles sont la clé de la réussite scolaire.

Pourtant, dans le 93 elles sont en nombre largement insuffisant, et beaucoup d’élèves ne peuvent pas en bénéficier. Ces élèves, s’ils sont tout de même affectés en classe ordinaire se retrouvent très vite en échec. L’article L111-2 du code de l’éducation précise pourtant que « l’école garantit à tous les élèves l’apprentissage et la maîtrise de la langue française ».

Pour répondre aux besoins, le département a besoin d’ouvertures massives de classes d’accueil, notamment en lycée général et technologique, où il n’y a actuellement qu’une seule classe.

Vers la mort programmée des classes d’accueil

Les classes d’accueil sont des classes dans lesquelles les élèves allophones (parlant une autre langue que le français) bénéficient de 26 heures d’enseignement adapté à leurs besoins linguistiques, tout en pratiquant une intégration progressive individualisée au fur et à mesure de l’année ou quand l’élève est prêt. Fonctionnant très souvent sous forme de groupe classe afin d’y apprendre les bases linguistiques, constituer un accueil essentiel pour sécuriser les apprentissages et fédérant de nombreux projets tournés vers les autres, ces classes d’accueil ne sont en aucun cas des « ghettos », comme on peut l’entendre dire régulièrement. Elles ont fait leurs preuves et les élèves sont intégrés progressivement dans les autres classes sur décision de l’équipe éducative.

Une circulaire nationale de 2012 prône l’inclusion immédiate et forcée de ces élèves dans les classes ordinaires et met fin aux classes d’accueil. Son application dans le 93 est un danger pour nos élèves.

Pétition intersyndicale 93 pour les UPE2A

Dans ce projet, à ces classes se substitueront des « modules de soutien linguistiques », dits UPE2A, censés permettre aux élèves non-francophones d’intégrer, dès le premier jour d’école, les classes ordinaires. Un tel système va plonger nombre d’élèves dans une grande détresse, que les quelques heures de soutien linguistique ne permettront pas de compenser. On peut sans peine anticiper le désarroi des enseignant-es, contraint-es d’accueillir dans leur classe des élèves qui ne comprennent pas ou peu la langue française. Dans des classes du 93 qui dépasseront les seuils historiques de 24 élèves en éducation prioritaire, la situation sera explosive.

Les élèves migrant-e-s sont en train de faire les frais des plans d’austérité successifs. L’Éducation nationale n’a pas besoin du désastre social et humain qu’engendrera à coups sûrs la disparition des classes d’accueil, mais de moyens pour un véritable enseignement adapté. Nous demandons l’affectation en 15 jours maximum des élèves migrant-e-s sans condition de papiers, l’ouverture de classes à effectifs réduits, le maintien de 26 heures d’enseignement adapté et non 20h ou moins, et un accompagnement des élèves dans leur intégration en classe ordinaire ou dans leur orientation.