Tracts Egalité femmes-hommes

 Le confinement : révélateur des inégalités entre les femmes et les hommes

 

Pendant la période de confinement, la CGT Educ’Action a mené une grande enquête sur le télétravail auprès des personnels de l’éducation nationale : les résultats sont consultables ici. D’après cette enquête, le télétravail pourrait avoir exacerbé les inégalités de genre.

Stress et télétravail : les femmes d’abord

32,3% des enseignantes se sont senties épuisées contre seulement 25,5% d’hommes. Cet écart se retrouve chez les personnels ATSS dans une moindre mesure (12,1% pour les femmes contre 8%). C’est dans la catégorie des personnels de direction que la différence entre les hommes et les femmes sur cette question-là est la plus criante : 28,8% des femmes se sont senties lessivées contre 10,9% pour les hommes. Pour les personnels non enseignants, c’est dans la catégorie des personnels de Vie Scolaire que la différence entre les hommes et les femmes est la plus criante sur les répercussions physiques.

41,3% des hommes disent n’avoir rien remarqué d’inhabituel sur leur état physique, contre 26,8 % pour les femmes enseignantes. De façon générale, il semblerait que le télétravail pendant le confinement ait été plus supportable pour les hommes enseignants pour que pour les femmes enseignantes. D’après leurs déclarations, ils sont systématiquement plus nombreux que leurs homologues féminines à être plus « optimistes ».

Concilier vie de famille et télétravail : équation difficile pour tous, charge mentale pour les femme

59,7% des enseignantes déclarent avoir des difficultés à concilier la vie de famille et le télétravail. Lorsqu’elles n’ont pas d’enfants, elles sont quand même 34,6 % à être stressées par le télétravail. Ils ou elles sont parfois obligé·es de travailler le soir et le week-end dans les mêmes proportions.

26,5 % des femmes enseignantes se sont sentient débordées à cause du travail scolaire de leurs enfants (contre 19,5 % des hommes). Chez les personnels ATSS, il est intéressant de noter que 41,4% des hommes sont parvenus à gérer travail et vie de famille alors que seulement 21,4% des femmes ont cette même impression. Si l’on met ces données en perspective avec des tâches domestiques durant la période, qui selon différentes enquêtes n’ont pas été réparties équitablement, c’est tout naturellement que le télétravail a été vécu, vraisemblablement, comme un poids supplémentaire.

Un investissement financier personnel pour un télétravail non reconnu ! Pour l’émancipation des femmes : la revalorisation !

L’injonction à la continuité pédagogique a eu pour conséquence pour beaucoup d’investir personnellement dans du matériel (informatique, impression, forfaits internet et téléphone...) sans que cela soit considéré comme du télétravail et donc pris en charge financièrement par le ministère. Rappelons que quand on parle des personnels, en réalité il s’agit de 71% de femmes salariées par le ministère de l’Education Nationale. Cette continuité pédagogique a donc coûté aux femmes, et à tous les niveaux, alors même que leurs salaires sont déjà trop faibles !

Les métiers exercés en majorité par les femmes sont bien plus mal rémunérés que ceux exercés par les hommes en France. En effet, les compétences liées aux soins, à l’éducation, à l’entretien, à la vente, exigées principalement des femmes, sont des compétences moins reconnues et valorisées que les compétences techniques dans une société aux valeurs encore très patriarcales.

Pour l’Education nationale, ce sont près de 800 000 femmes qui sont concernées, enseignantes ou non, qui sont discriminées d’abord par les salaires. Par exemple, les enseignantes des premier et second degrés touchent 313 euros nets mensuels de moins que leurs homologues masculins. Elles bénéficient moins des primes et sont moins rémunérées pour les heures supplémentaires. Lors de leur évaluation, on constate qu’elles ne sont en majorité que « très satisfaisantes », quand leurs homologues masculins sont, eux majoritairement « excellents ».

Pour les payer correctement, l’Etat doit, d’une part, augmenter ses budgets, et d’autre part, inverser la tendance des dernières années qui a consisté à précariser dans ces métiers essentiellement féminins. En 2018, comme le montre le rapport de situation comparée, si le personnel de l’Education nationale augmente globalement de 2,1 %, c’est au prix d’une réelle précarisation (35,7% d’AESH et 11,8% d’enseignant·es non titulaires en plus). Être non titulaire, c’est non seulement ne pas bénéficier de la sécurité de l’emploi liée au statut de fonctionnaire, mais c’est surtout être sous-payé·e pour un travail de valeur égale.

Ainsi, l’Etat employeur doit-il réinvestir ces champs de l’éducation, du soin, de l’entretien, des échanges, qu’il traite avec le plus grand mépris depuis de nombreuses années, et, au lieu de médailles ou de primes de reconnaissances dérisoires pour un travail fait au péril de leur vie de toutes ces femmes, organiser l’application sous contrôle de la juste revalorisation des emplois à prédominance féminine.

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