Motions, voeux Instances : CTA, CTSD 93, CHSCT 93, CDEN 93

 Liminaire CGT au CDEN du 12 février 2021

 

Monsieur le Directeur académique, Monsieur le vice-président du Conseil départementale, Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

Est-ce ainsi que les élèves étudient et les personnels de l’éducation nationale travaillent ?

En effet, tandis que la situation sanitaire continue de s’aggraver, les moyens alloués aux établissements du département ne cessent de diminuer et les conditions de travail se dégradent chaque jour un peu plus. Vous ne semblez décidément pas vouloir entendre l’alerte que nous vous lançons depuis des mois : il faut un plan d’urgence ! Comment doit-on vous le dire pour que vous daigner enfin nous entendre ?

Dans le 1er degré, ce sont près de 187 classes qui vont être fermées dans les écoles du département ! Certaines villes seront particulièrement affectées : c’est le cas de Saint-Denis, dont 16 classes seront fermées, et de Clichy sous-bois où 10 classes fermeront. Ainsi, en pleine pandémie, l’Education nationale premier, employeur du pays, continue sa politique « d’économie de bouts de chandelles ». Elle diminue le nombre de postes crées, passant de 502 postes l’an passé à 340 postes accordés à notre académie. Le respect des seuils de classe, la création de classes de Toutes Petites Sections, le maintien des RASED impliquent la création de davantage de postes. La CGT rappelle que seulement 2,8% des Enfants de 2 ans sont scolarisés en REP contre 19% en moyenne sur le territoire. Le ministère dépense 50 % de budget en moins pour un écolier du 93, que pour un écolier parisien. Ces chiffres parlent d’eux-même.

Dans le 2nd degré, à la vue des DHG, la rentrée 2021 s’annonce pour le moins compliqué : une fois encore, vous allez obliger les personnels de l’éducation nationale à se débrouiller seuls face à des difficultés de plus en plus complexes et des moyens de plus en plus faibles.

Comment expliquer vous que tandis que la démographie scolaire ne cesse de s’accroître dans le département, que les livraisons de centaines de logements se multiplient dans de nombreuses municipalités, que les personnels ne cessent de vous exprimer leurs difficultés, les DHG connaissent des diminutions significatives chaque année ? Ce qui a pour voie de conséquence : des H/E et des E/D insuffisants. Par ailleurs par un coup de baguette magique, les seuils ont été relevés et de nombreux collèges présenteront des classes de plus de 29 élèves (et encore ce chiffre ne tient même pas compte de l’inclusion d’élèves ULIS et des AESH qui les accompagnent). Déjà des enseignants n’ont pas suffisamment de tables pour permettre à tous d’étudier dans de bonnes conditions. Comment vont-ils faire l’année prochaine ? A ces interrogations simples et légitimes, l’institution nous assure que tous les « indicateurs de gestion » sont au vert. Bienvenue dans la Novlangue ! Le nouveau langage des institutions au service de la destruction des services publiques de l’éducation nationale ! Pour la CGT, tous les effectifs au-dessus des seuils normalement prévus par la loi seront jugés irrecevables. Par ailleurs, ces DHG nous confirment que la tendance du ministère est à la pression exercée sur les enseignants, à une attaque du statut et à une contractualisation de la profession. J’en veux pour preuve, la non augmentation des heures postes au contraire des HSA. Alors qu’il faudrait la création de centaines de postes dans le département, vous préférez augmenter le nombre d’heures supplémentaires. Vous ne nous ferez pas croire que ces jeux de chiffres sont l’annonce d’un avenir meilleur pour les élèves et leurs enseignants. A cela s’ajoute une contractualisation croissante de la profession d’enseignante qui est inacceptable !

En ce qui concerne l’inclusion et la scolarisation des élèves à besoins particuliers, le Ministère disait en 2019, je cite les propos de JM Blanquer « Le handicap est une des grandes causes du quinquennat. La réalisation d’une Ecole pleinement inclusive est à ce titre une priorité. » Une priorité ? Vraiment ? Pensez-vous que le nombre insuffisant d’AESH et l’instauration des PIALS soient le signe d’une priorisation de la prise en compte du handicap dans l’Education nationale ? Non, cela prouve le contraire. Le résultat de cette politique ne va pas être un meilleur accompagnement des élèves présentant un handicap, bien au contraire et vous n’obtiendrez qu’un taux de démission de ces personnel.les. très fort ! La mobilisation du 9 février le prouve.
En outre, vous ne prévoyez aucune ouverture de poste d’assistant.e.s social.e.s, d’infirmièr.e.s et de CPE alors que de nombreux élèves sont dans une réelle détresse. Certain.e.s élève.s font l’objet de signalements, connaissent des violences, nous parlent d’inceste et nous nous retrouvons impuissants et dans l’impossibilité de les protéger. Comment ces enfants peuvent-ils faire confiance à l’institution si celle-ci les abandonne ? Quel va être leur avenir ?

La semaine dernière, une collègue m’a fait part d’une remarque d’un de ses élèves tandis qu’elle leur faisait un cours sur les inégalités sociales (au programme d’histoire en 5e) : « Madame, nous élèves du 93, les inégalités on connait ! Et puis, on a beau nous dire qu’on a les mêmes droits que n’importe quel élève d’un autre département, en vrai, c’est faux ! Les élèves du 93, tout le monde s’en fout ! ». Cet élève lucide, nous rappelle qu’à part le Ministère, élèves comme personnel de l’éducation nationale, partageons la même analyse : la situation des services publics d’éducation dans le département est dramatique. Pour la CGT Educ’Action, une rentrée 2021 digne de ce nom passe à minima par un plan d’urgence destiné à recruter des personnels. Ceci afin, en autre, de diminuer les effectifs par classe (comme cela peut être le cas en Italie, en Espagne, ou en Irlande).

Je vous remercie pour votre attention.