Communiqués Service santé-social : AS, infirmière

 Lycée d’Alembert, Aubervilliers : 580 élèves sans assistante sociale depuis la rentrée, c’est ça l’école de la confiance ?

 

Aubervilliers, le 8 novembre 2018 – Depuis 69 jours aujourd’hui, il n’y a pas d’assistante sociale au lycée d’Alembert d’Aubervilliers. Le droit des élèves à un suivi social de qualité n’est donc pas respecté, ce qui entraîne des situations alarmantes :
  Des élèves ne mangent pas le midi alors qu’ils pourraient avoir droit à la gratuité de la cantine ;
  Certains fraudent dans les transports faute d’argent pour payer les tickets, ce qui les expose à des contrôles policiers et à des amendes ;
  Beaucoup d’élèves faute d’avoir pu être aidés pour monter leurs dossiers de demande de bourse risquent de ne pas pouvoir en bénéficier ;
  Les élèves boursiers de la classe Passerelle ne peuvent pas demander d’avance sur leur bourse auprès du CROUS ;
  Des situations d’urgence ont été détectées tardivement et ont dû être gérées tant bien que mal par des personnels dont ce n’est pas le cœur de métier.
Cela est d’autant plus inacceptable que le public accueilli par l’établissement est à plus de 60% issu de foyers dits « défavorisés ». Comme tous les ans, certains élèves sont dans des situations sociales extrêmement précaires : pas de domicile fixe, contexte familial parfois violent ou encore manque de moyens pour répondre aux besoins vitaux (se nourrir, se laver, dormir correctement).
Dès le printemps dernier, nous avions alerté le rectorat de Créteil sur les difficultés rencontrées par le personnel de l’établissement pour remplir ses missions de service public. Déjà, nous avions pointé du doigt une inadéquation entre l’ampleur de la tâche et les moyens alloués à l’établissement : manque d’heures d’enseignement et d’accompagnement face aux élèves, une équipe vie scolaire en effectif insuffisant ; une infirmière scolaire et une assistante sociale présentes uniquement à mi-temps, des personnels déjà non remplacés et des locaux parfois vétustes, souvent inadaptés à un accueil décent des lycéens et de leurs familles. Le départ en congé de l’assistante sociale et de l’infirmière à la fin de l’année scolaire avait été remonté à cette occasion.
La plupart de nos revendications n’ont suscité qu’un haussement d’épaule : « c’est comme ça », nous a répondu en substance la secrétaire générale adjointe du recteur qui nous a reçus. Seul le remplacement de nos collègues infirmière et assistante sociale a semblé être pris au sérieux et on nous a alors assuré que le nécessaire serait fait.
Résultat : depuis le 31 août, le bureau de l’assistante sociale est fermé. Celui de l’infirmière n’a pu ouvrir que 15 jours après la rentrée.
Dans les faits, les personnels font leur maximum pour répondre aux situations les plus « urgentes », au détriment de leurs missions habituelles. L’appui technique (téléphonique !) proposé par le rectorat ne peut en aucun cas suffire à répondre aux nombreux besoins (déblocage de fonds, suivi professionnel, rencontres avec les familles, etc.) des élèves.
On nous dit aujourd’hui que le rectorat ne parvient pas à recruter sur ce poste, que plusieurs personnes ont refusé. Ce n’est pas étonnant tant le statut proposé est précaire : un CDD de 3 mois, à mi-temps sur deux établissements, dans le département le plus pauvre de France. Nous plaidons depuis plusieurs années pour un meilleur accompagnement social des élèves : pourquoi ne pas recruter une personne à temps plein qui puisse assurer les remplacements des assistants sociaux dans les établissements du département de manière pérenne ?
A l’heure où la situation des établissements scolaires dans nos territoires est montrée du doigt, où le ministre de l’Education nationale souhaite mettre en place une école dite de la « confiance » tout en supprimant plus de 1800 postes, nous nous demandons si l’égal accès pour tous à une éducation de qualité est un réel objectif du gouvernement.
Pour le dire autrement, ce n’est pas de policiers dont nous avons besoin dans nos établissements mais d’un personnel qualifié, formé et en nombre suffisant !
Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de nous mettre en grève aujourd’hui. Il en va de la réussite scolaire et du bien-être de nos élèves.

Communiqué des personnels du lycée d’Alembert d’Aubervilliers