Tracts 1er degré

 Statut des directions d’école : l’analyse de la CGT

 

Une nouvelle proposition de loi concernant les directeurs et directrices a été déposée à l’assemblée nationale par la députée LREM Cécile Rilhac (l’auteur de la précédente proposition de loi sur les EPSF) le 12 mai 2020.

La pandémie du covid-19 a fait apparaître une nouvelle fois la surcharge de travail des directions d’école. Elles ont été le pivot de cette reprise, ne comptant plus leurs heures et assurant bien souvent de nouvelles missions : lien social avec les familles ; organisation de l’accompagnement pédagogique, mise en place du protocole sanitaire pour la réouverture des écoles etc.

En novembre, de nombreux·ses collègues s’étaient mobilisé·es dans le département suite au drame de Christine Renon pour dénoncer la surcharge de travail, l’absence de valorisation de nos métier, les risques psychosociaux pesant notamment sur les directions d’école.
Un collectif de 99 directrices et directrices « au bord du burn out » s’est monté en Mayenne pour dénoncer la dégradation des conditions d’exercice.

Cette proposition de loi, sous couvert de reconnaissance du travail de direction, entérine en réalité la logique de déresponsabilisation de la hiérarchie de l’éducation nationale et des IEN. En rendant le directeur ou la directrice "délégataire de l’autorité académique", le projet de loi accroîtrait sa charge de travail, et surtout transférerait sur les directeurs et directrices une large part de la responsabilité juridique et pénale liée à un emploi fonctionnel. La période actuelle montre à quel point la hiérarchie de l’éducation nationale entend se défausser de sa responsabilité sur les directions en matière d’organisation, mais aussi de responsabilité en termes de santé et sécurité au travail.

Si le projet de loi prévoit une revalorisation des indemnités de direction, le compte n’y est toujours pas : les directeurs et directrices des petites écoles (moins de 4 classes) en sont exclu·es, les montants évoqués sont dérisoires au regard de la charge de travail (50€ net par mois pour les écoles de 4 à 9 classes, 80€ pour celles allant de 10 à 13 classes et 120€ au-delà de 13 classes). Les écoles rurales seront laissées au bord du chemin.

Seulement 11 % des directeurs et directrices se sont dit favorables à la création d’un statut selon l’enquête du ministère (janvier 2020). L’absence d’un rôle hiérarchique est considérée comme un acquis par la profession et la CGT entend le défendre. Instaurer un statut de supérieur hiérarchique n’aurait pour effet que de diviser les équipes et introduire des tensions inutiles entre enseignant·es d’une même école. C’est ce que nous constatons et déplorons dans les établissements du secondaire.

La CGT Educ’action pense que la réponse à trouver à la charge de travail grandissante se trouve dans création de moyens et la collégialité au sein des écoles :
 par des temps de décharge supplémentaire dans toutes les écoles y compris les plus petites.
 la création d’emplois administratifs et de vie scolaire dans les écoles, sous statut de fonctionnaire, afin d’aider les directrices et directeurs dans l’exercice de ces tâches.
 la possibilité de partager les décharges au sein de l’équipe pour une direction collègiale et une répartition des tâches administratives.
 revalorisation salariale de nos métiers à prédominance féminine.

Soulager les directrices et directeurs d’une charge de travail exponentielle, passe aussi par l’arrêt des tâches inutiles et relevant du flicage hiérarchique telle que l’enquête VALERE en cours actuellement, que la CGT Educ’action appelle par ailleurs à refuser dans l’immédiat.
Ce n’est pas aux directrices et directeurs d’assurer la mission des IEN. La CGT Educ’action dénonce la logique de flicage des personnels que sous-tend une telle enquête.