Alerte sociale sur la situation du service social en faveur des élèves de la Seine-Saint-Denis
Nous, assistant-e-s de service social scolaire en Seine Saint Denis, alertons quant à nos conditions de travail qui se dégradent et qui ne nous permettent plus d’exercer nos missions dans des conditions satisfaisantes.
1- Depuis plusieurs mois, nous constatons au sein de notre service, une communication défaillante sur de nombreux aspects :
– Absence de réunion de service (de zone ou de bassin) entre novembre 2019 et juin 2020 comprenant la période inédite de confinement.
– Réunions de district laissées à la seule initiative des CT. Selon les territoires, elles se sont mises en place très tardivement du fait de l’absence de réunion de CT et d’information à communiquer aux collègues entre mars et mai. En effet, malgré des demandes répétées de la part des CT à la direction, la première réunion après le début du confinement a eu lieu en visioconférence pendant une heure trente fin mai.
– Non réponse aux très nombreuses sollicitations des AS et des CT relatives à l’organisation du travail engendrant des situations très complexes vis à vis des familles, des collègues et des partenaires.
– Absence d’écoute, de réflexion et de concertation de la direction avec les CT et les AS sur toutes les questions d’organisation et sur les dossiers importants à travailler au sein du service (protection de l’enfance, implantation des postes, télétravail, travail à distance...). Cette défaillance engendre des décisions, des directives et des réponses ne correspondant pas aux besoins de terrain car déconnectées de la réalité du travail.
– Informations non transmises aux AS et CT des districts, telles que l’arrivée de nouvelles collègues dans un établissement ou encore l’absence de responsables des lieux de partenariat indispensables par exemple à la CRIP 93.
– Réponses erronées relatives aux questions de ressources humaines.
– Déficience de soutien et de message de bienveillance envers le personnel, et émergence de situation de souffrance au travail.
– Obligation de connexion continuelle ignorant la réalité de terrain, matérielle et professionnelle (en temps et dans les relations d’aide). Données entrées sur le site des AS sans information au personnel.
– Aucune consigne ou réflexion quant à notre participation dans les actions ou les soutiens mis-es en place dans les établissements, concernant la rentrée de novembre 2020 suite au traumatisme de la communauté scolaire consécutif au drame dont a été victime l’enseignant S. Paty (texte laïcité, réponses aux questionnements…). Il est pourtant important que cette réflexion ait lieu pour prévenir le désarroi des AS et CTSS qui pourrainet être confronté.e.s, seul.e.s dans leur bureau, à ces situations délicates.
– Communication tardive du service en direction des chefs d’établissement relative aux modalités de travail des AS, (télétravail, ASA, travail à distance…) Ce qui a généré des difficultés dans les relations des AS avec les équipes de direction, éducative et pédagogique.
– Directives concernant le travail en distanciel en contradiction avec la circulaire du 29 octobre 2020 relative à la continuité du service public, la note du recteur de l’académie de Créteil du 2 novembre et la note de notre ministère du 6 novembre 2020. Ce sujet si important en ce temps de pandémie, aurait nécessité un échange au sein du service et pas seulement des envois de mails qui restent très laconiques.
2- Depuis quelques années, nous constatons également un personnel en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de la population scolaire du département :
– Conseiller-es Techniques Départemental-es en nombre insuffisant pour l’encadrement des personnels du service social en faveur des élèves exerçant dans l’académie entraînant, entre autres, un manque flagrant de disponibilité pour le soutien, l’accompagnement et le conseil aux AS.
– Secrétariat en nombre insuffisant pour faire face au travail de secrétariat des AS, des Conseillères Techniques de district et des Conseillères Techniques Départementales
– Nombre d’établissements sans assistant-e de service social scolaire en augmentation depuis septembre 2019, alors qu’en 1998 il avait été reconnu l’indispensable présence d’un-e assistant-e de service social scolaire dans tous les établissements du second degré de Seine Saint Denis. Ceci dans un contexte où le besoin d’accompagnement social des élèves et des familles est d’autant plus criant du fait de la crise sanitaire, sociale et économique.
– Absence d’appel à candidature auprès des conseillères techniques de district pour faire fonction en remplacement du départ de la collègue CT adjointe départementale. Pourtant le nombre des conseillères techniques départementales ne permet plus à ces dernières, depuis plusieurs années, de répondre à toutes les charges qui leur incombent. Ainsi plusieurs tâches sont confiées aux conseillères techniques de district qui, elles-mêmes, ont une charge de travail de plus en plus lourde entre travail en établissement, animation du district et représentativité du service dans de nombreuses instances.
Tous ces constats ont pour conséquences un isolement des personnels tant sur la pratique que sur la réflexion autour des situations sociales de plus en plus complexes d’autant plus dans ce département durement touché par la crise sanitaire et économique actuelle.
Ces dysfonctionnements génèrent une impression de non-reconnaissance par le service de notre expertise et de notre existence professionnelle. À cela s’ajoutent des tensions dues à un manque de réflexion collective sur des sujets aussi importants que la protection de l’enfance par exemple, auxquels nous étions associé.e.s auparavant.
Ces constats ont surtout des conséquences sur les professionnel-le-s que nous sommes en engendrant des risques psychosociaux, une perte de sens dans notre travail, pouvant entraîner un désinvestissement et donc une réelle souffrance au travail. Et allant même jusqu’à des situations de burn-out pour certain.e.s collègues.
Compte tenu de notre métier, cette concertation collégiale est une nécessité et un besoin pour retrouver un sentiment d’appartenance à un même service social et un sens à l’exercice de notre métier.
Au vu de ces éléments, nous souhaiterions être reçu.e.s rapidement afin d’aborder avec vous les problématiques de notre service dans la perspective d’échanges constructifs pour l’ensemble du service social en faveur des élèves de la Seine-Saint-Denis.