Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, la question de la caisse de grève revient régulièrement dans nos réunions et les différentes assemblées générales. S’il n’existe pas une seule méthode ou un seul modèle viable, nous vous proposons l’exemple de la caisse de grève mise en place par des camarades de notre syndicat dans un établissement du 93. Les camarades sont satisfaits du fonctionnement et cela peut éventuellement vous donner des idées pour vos propres établissements.

Création d’une caisse de grève

La caisse de grève dépend de la volonté générale des collègues de l’établissement et non du fait du prince. Il faut une gestion démocratique de la caisse de grève. Elle doit être décidée et votée en assemblée générale, aussi bien pour désigner les personnes qui la géreront que pour décider des règles de répartition.

Il vous faudra :
– deux personnes motivées (évitez d’assumer seul la gestion de l’argent !) ;
– un lieu sécurisé pour stocker l’argent (casier qui se ferme, caisson dans le bureau d’un collègue). Nous vous déconseillons de stocker l’argent en dehors du collège afin d’éviter les allers-retours avec parfois d’importantes sommes en liquide sur vous.

Enfin, ce serait une perte d’énergie d’institutionnaliser votre caisse de grève par la constitution d’une association.

La décision des règles de répartition

Les fonds d’une caisse de grève ne sont pas illimités. Il est donc nécessaire de faire comprendre aux bénéficiaires de cette solidarité qu’elle dépend des finances effectivement disponibles.

Il faut appliquer le principe élémentaire selon lequel une grève doit être menée par conviction et implique un coût pour chaque gréviste. Nul ne peut être remboursé à 100 % en faisant grève. De même, le recours à la caisse de grève n’est pas automatique. Elle est là pour aider les personnels en cas de difficulté à assumer le mouvement social.

Par exemple, dans notre établissement scolaire, les AED et les agents du département sont pris en charge dès le premier jour de grève à hauteur de 90 % de la journée. Les autres personnels sont pris en charge à 60 % dès la quatrième journée de grève. Ce fonctionnement, qui existe depuis 2019, va être revu pour un fonctionnement par tranche de salaire. Voici un exemple alternatif et modulable en fonction des discussions que vous avez en assemblée générale avec vos collègues :

• salaire inférieur à 1 500 € net par mois, 0 à 1 journée de carence, 80 à 90 % du salaire pris en charge ;
• salaire entre 1 500 € et 2 000 € net par mois, 1 à 3 journée de carence, 65 à 75 % du salaire pris en charge ;
• salaire supérieur à 2 000 € net par mois, 3 à 4 journées de carence, 50 à 60 % du salaire pris en charge.

Alimenter la caisse de grève

La caisse de grève d’un établissement scolaire est essentiellement alimentée par la solidarité des personnels du collège. Il faut donc faire un appel aux dons auprès de l’ensemble des personnels pour la caisse… Ne pas hésiter non plus à solliciter les équipes de direction, vous pourriez être surpris.

Il est également possible de mettre en place des dispositifs de financement. De notre côté, nous avons mis en place le café solidaire. Moins cher que la machine à café installée par l’établissement, le café solidaire génère des bénéfices qui alimentent la caisse de grève. Ce système ne peut fonctionner que si vous avez entièrement confiance dans vos collègues.

Plus rarement, vous pouvez inviter les collègues en décharge syndicale ou en formation syndicale les jours de grève (et, dans ce cas, ils ne perdent pas leur journée) à reverser leur journée à la caisse de grève.

Enfin, il est possible de solliciter des caisses de grève externes à votre établissement. La plus connue étant la caisse de grève de la CGT (au niveau confédéral).