Communiqués Lycées généraux et technologiques

 Communiqué du lycée Blaise Cendrars de Sevran

 

COMMUNIQUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE DES ENSEIGNANTS DU LYCEE BLAISE CENDRARS DE SEVRAN DU LUNDI 27 JANVIER 2020

Aujourd’hui à 8h30 devait se tenir la première épreuve du bac Blanquer (E3C) au lycée Blaise Cendrars de Sevran. Nous, enseignants mobilisés ce jour, souhaitons communiquer le déroulement de cette journée de « baccalauréat ».

Dès 7h30, les élèves de première rassemblés devant le lycée ont exprimé leur refus de passer les épreuves. Il n’y a eu aucun blocage. En retrait de la grille, vers 8h, les élèves ont formé une chaîne humaine, avec des pancartes et des slogans exprimant les raisons pour lesquelles ils s’opposaient aux E3C. Aucun élève n’est rentré dans l’établissement pour composer. Leur refus s’est ainsi exprimé de manière organisée et dans le plus grand calme. Les grilles du lycée ont alors été fermées.

Peu avant 8h30, des parents d’élèves nous ont appris que des sms leur avaient été envoyés pour les informer que l’épreuve était décalée à 9h30 et que les élèves devraient passer par l’accès pompiers. De nombreux parents ont alors contacté la direction afin d’exprimer leur mécontentement face à cette « convocation » de dernière minute, soulignant que leurs enfants ne pouvaient pas passer leur épreuve dans ces conditions aberrantes.

A 9h, un second sms de la direction a été renvoyé aux parents : « Bonjour, Rappel : les épreuves débutent à 9h30. Tout élève ne se présentant pas à son épreuve aura un zéro selon les consignes nationales ». Ce « rappel » nous a paru des plus étranges, puisque l’horaire officiel était bien 8h30 (cf : convocation des élèves) et qu’il était évident que tous les parents ne pouvaient pas recevoir l’information en temps et en heure. Ce message, destiné à intimider parents et élèves, a créé une vague d’inquiétude. Il n’avait pas été question d’une telle sanction les jours
précédents. Cette décision a été prise de manière précipitée, unilatérale et sans aucune forme de concertation. Ces pratiques ne peuvent qu’accentuer le climat de tensions, généré par l’impréparation de cette réforme. Nous, enseignants, ne pouvons que nous scandaliser que la menace et l’intimidation soit la seule réponse fournie aux inquiétudes légitimes de nos élèves.

A 9h30, les grilles ont été rouvertes. Devant la grille, étaient postées des personnes que nous avons d’abord eu peine à identifier… Des collègues d’autres établissements et des élèves nous demandaient de qui il s’agissait et nous étions bien incapables
de leur répondre : DASEN, inspecteurs, médiateurs ? Quel ne fut pas notre étonnement quand nous avons compris qu’il s’agissait de personnels de direction de collèges et d’autres lycées du 93 ! Nous nous questionnons toujours sur la pertinence de leur présence devant notre établissement… Ceux-ci « invitaient » les élèves à rentrer faire leur épreuve. Les élèves, considérant ces « interlocuteurs » illégitimes, puisque ne représentant pas l’établissement, ont fini par refuser le « dialogue ».

Nous sommes alors allés à leur rencontre, accompagnés de parents d’élèves, inquiets de l’absence de communication directe avec notre direction, pour demander à être reçus par notre proviseure. Il nous a été rétorqué qu’elle n’aurait certainement pas envie de nous recevoir. Nous avons réitéré cette demande à plusieurs reprises.
A 10h30 une délégation de parents et d’élèves a enfin pu être reçue par la proviseure. Cependant, à ce jour, elle n’a communiqué avec aucun professeur et n’a pas souhaité nous recevoir.

Ainsi, nous ne savons toujours pas avec certitude ce qu’il en est pour les épreuves de ce matin : sont-elles annulées ? Reportées ? Tous les élèves risquent-ils d’avoir zéro à une épreuve qui n’a pas eu lieu, comme il leur a sans cesse été affirmé tout au long de la matinée ? Il semblerait que l’épreuve soit reportée à une date ultérieure
(lundi 3 février). Mais l’information ne nous a pas encore officiellement été communiquée.

Nous pouvons féliciter la détermination et le courage des élèves du lycée Blaise Cendrars, qui ont fait preuve d’une solidarité, d’une organisation et d’un sang-froid exceptionnels, face aux diverses pressions dont ils ont été les victimes.
Nous refusons le discours de la direction selon lequel nous avons manipulé les élèves. Ce discours vise à culpabiliser le corps enseignant, à stigmatiser les professeurs mobilisés et à sous-entendre que nous diffusons de fausses informations aux élèves.

Nous, enseignants du lycée Blaise Cendrars, réaffirmons notre mobilisation contre le bac Blanquer : un bac inégalitaire, pour lequel les élèves ne sont pas préparés, et dont l’organisation locale ubuesque ne leur permet pas de réussir. Or, c’est bien la réussite de nos élèves qui nous préoccupe et c’est bien la raison de notre lutte.

Les enseignants mobilisés ce jour et réunis en Assemblée Générale le lundi 27 janvier 2020.
Soutenus par l’intersyndicale SNES-FSU, CGT éducation, Sud éducation.