Documents CT sur les moyens Instances : CTA, CTSD 93, CHSCT 93, CDEN 93

 Liminaire de la CGT Educ’Action 93 au CTSD 2nd degré - 18/09/21

 

Monsieur le Directeur Académiques, Mesdames et messieurs les membres du Comité Technique Spécial départemental,

En cette rentrée marquée une nouvelle fois au sceau du Covid et de la crise sanitaire, il était impossible de passer à côté des annonces ministérielles, aussi mensongères qu’outrancières, en tous cas pour ce qui touche au 93. Passons outre la campagne caricaturale pleine de préjugés discriminatoires et qui démontre surtout que les services du ministère (et semble-t-il le ministre lui-même), n’ont même pas le niveau attendu en EMC au brevet puisqu’ils confondent laïcité, citoyenneté, égalité, caractère public de l’école, civisme, vivre-ensemble et savoir-vivre. Le manque de savoir-vivre, de décence élémentaire, de notre ministre ne s’arrête malheureusement pas là et les personnels de l’éducation nationale, tous les personnels de l’éducation nationale, devront boire le calice jusqu’à la lie.

On ose nous parler de protocole, paré de jolies couleurs qui semblent surtout destinées à agrémenter la présentation des mesures sur les chaînes d’informations en continu, mais où sont les moyens pour mettre en place ce protocole ? Où sont les agents ? Où sont les infirmiers et infirmières scolaires ? Où est la médecine de prévention ? Où sont les personnels d’assistance sociale qui manquent cruellement dans notre département ? Sans les personnels, le matériel, la formation et l’accompagnement nécessaires, toutes les infographies ministérielles resteront lettres mortes.

Toujours dans les effets d’annonce, après la monomanie islamo-gauchiste, le ministère a décidé de s’attaquer aux véritables problèmes de la Seine-Saint-Denis : les écrans plats dans les foyers modestes et l’écriture inclusive. Sur ce dernier problème imaginaire, le ministre mobilise des arguments intéressants : la difficulté qu’auraient les élèves dys à la déchiffrer. A la CGT, nous sommes ravis de voir que le ministère se préoccupe enfin des élèves à besoins particuliers. Cette préoccupation n’était guère visible jusqu’ici lorsque le taux horaire alloué aux ULIS est passé de 24h de DHG à 21h, lorsque les administrations continuent de ne pas comptabiliser ces élèves dans le calcul des seuils ou lorsqu’elle s’échine à opposer un constant mépris aux légitimes revendications des AESH : un statut véritable, un salaire décent, une formation réelle. Cette urgence est devenue d’autant plus cruelle qu’avec la hausse du SMIC, les AESH sont désormais payées en-dessous du salaire minimum malgré leur pseudo-revalorisation récente mais déjà caduque.

Le ministère a par suite beau jeu de dénoncer la « démagogie » d’une candidate à la présidentielle parlant de doubler le salaire des personnels au contact des élèves. Mais au lieu de se vanter de l’aumône d’une quarantaine d’euros en moyenne par mois (une augmentation « historique » qui couvre à peine l’inflation), le ministère et surtout les administration académiques et départementales feraient bien de payer ce qui est dû aux Assistantes Sociales exerçant en REP+ ou aux contractuel-le-s qui, à affectations identiques ne touchent pas les mêmes indemnités et primes que leurs collègues titulaires. Comment rendre l’éducation nationale attractive lorsque les personnels sont aussi maltraité-es ?

Car les métiers de l’éducation n’attirent plus, le constat est largement partagé. Outre une rémunération insuffisante, ce sont surtout des conditions de travail toujours plus dégradées qui détériorent la situation. Les personnels payent des décisions catastrophiques décidées au ministère mais appliquées par tous les échelons de l’administration, ministère, rectorat, DSDEN, des décisions telles que la modification des règles de CA qui limite la liberté pédagogique, la modification des seuils et donc l’augmentation des effectifs par classe ou encore la diminution de la DHG qui ruine de nombreuses propositions pédagogiques.

Ces conditions de travail lourdement détériorées par la gouvernance des dernières années, cette école violemment dégradée, ce n’est pas ce que nous souhaitons pour nos élèves. Ce n’est pas non plus ce que les parents de Seine-Saint-Denis souhaitent pour leurs enfants à en juger par la fuite des élèves hors de l’école publique. On l’a vu en CTSD 1er degré : les inscriptions à l’école sont bien inférieures aux prévisions. Où sont les élèves ? Dans le second degré, les parents qui en ont la possibilité évitent l’école publique, notamment en première couronne. Tranquillement mais méthodiquement, les réformes de Blanquer ont pulvérisé l’école de la République en Seine-Saint-Denis, une politique mortifère dont il est temps de sortir.

La DSDEN ne peut pas tout, nous le savons, mais elle peut notamment travailler avec les échelons administratifs supérieurs pour rétablir des repères de gestions ambitieux pour nos élèves, elle peut travailler demander au rectorat le réemploi de tous les contractuels : dans une multitude d’établissements, il manque des enseignant-es, alors même que certains contractuels avec cinq ans d’expérience ne sont pas ré-employé-es. Il faut se donner les moyens de mettre des professeurs devant nos élèves.

Néanmoins, il faudra pour sortir de l’ornière, qui est en train de se muer en abîme, mettre en place un véritable plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis, un plan que l’Etat aurait les moyens de financer, à condition de le vouloir puisque M. Blanquer a rendu rien que l’an dernier les 200 millions qui y sont nécessaires. Les rodomontades et les coups de menton n’amélioreront en rien la situation dans l’Education Nationale, la considération, l’investissement et la focalisation sur des sujets sérieux et non plus des marottes imaginaires, voilà ce qui permettra à l’école, dans notre département, de retrouver un peu d’allant. L’heure n’est plus à tergiverser.