Documents CT sur les moyens Instances : CTA, CTSD 93, CHSCT 93, CDEN 93

 Déclaration de la CGT Educ’Action Créteil au CTA du 17 janvier 2019

 

Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs,
La répartition ministérielle des moyens de la rentrée 2019 nous alarme encore plus que celle préparant la rentrée 2018, déjà marquée par la dégradation des conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves dans les collèges et lycées. Nous faisons toujours face à une politique d’austérité assumant la ligne du comité action publique 2022 mis en œuvre par le gouvernement, qui a pour objectif principal de procéder à une réduction drastique des dépenses publiques. La volonté de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat s’est concrétisée pour notre ministère par la suppression de 2450 postes.
Dans le premier degré, nous notons le maintien de l’inflexion donnée depuis la rentrée 2016, mais nous attirons votre attention sur le fait que le dédoublement dans le 93 et le 94 s’est fait à plus de 12 élèves par classe, parfois jusqu’à 15, ce qui va avoir comme conséquence de possibles montées pédagogiques ne respectant plus les seuils. Les classes de très petites sections ne sont pas en nombre suffisant, sur ce point l’écart entre la proportion d’élèves de 2 ans scolarisés à Paris et de l’autre côté du périphérique dans l’académie de Créteil est édifiant. A l’instar de nos inquiétudes de l’an passé concernant les dédoublements en REP +, nous craignons que les 502 ETP soit insuffisants pour permettre, dans de bonnes conditions, la mise en place de l’ambition présidentielle de dédoubler les classes de CP et CE1, cette fois-ci en REP. Après la suppression des dispositifs plus de maitres que de classes l’année dernière, nous serons attentifs à ce que les dispositifs RASED n’en fassent pas les frais. La problématique de la précarité est persistante dans notre académie et le nombre de collègues non-titulaires ne baisse toujours pas.
Dans le second degré la situation continue d’empirer. Le taux d’encadrement (Heures/Elève) est encore plus bas que l’an passé, alors même que nous battions déjà des records en passant en dessous de la barre des 1,49. En effet la baisse continue avec un taux d’encadrement qui dépasse péniblement le chiffre de 1,47. Au-delà du montant du budget alloué, il est utile de se questionner sur sa qualité. Sur 130 ETP supplémentaires ce sont seulement 2 postes de créés et tout le reste est abondé en heures supplémentaires. Nous faisons clairement le lien avec la mesure visant à imposer la deuxième heure supplémentaire qui est étudiée en ce moment même au CTM. Face au climat social actuel et la popularisation de la problématique de nos salaires, par exemple à travers les Stylos rouges, le ministre a dû répondre à la question du blocage des salaires. Nous trouvons dans ce budget sa réponse : si vous voulez une augmentation de salaire il va falloir travailler plus ! Pas de dégel du point d’indice et encore moins de rattrapage des salaires mais une obligation à augmenter son temps de travail en étant moins bien payé, car pour une majorité de personnels, c’est travailler plus pour gagner moins que le taux horaire d’une heure normale de travail ! Nous nous questionnons sur la nouvelle ligne « suppléance » de ce budget, nous comprenons que ces 31,5 ETP sont des HSA, ils ne pourront donc pas abonder des postes de TZR. A quoi va donc servir ce budget, et comment va-t-il être utilisé ?
Pour une augmentation prévue de 5001 élèves, cette année encore, aucun poste de personnel CPE, d’infirmier·e, assistant·e social·e ou d’administratif·ve n’est prévu. Cette non dotation ne pourra donc pas répondre aux difficultés des établissements et des services. Nos collègues administratif.tives vont subir la suppression de postes annoncée au niveau ministériel, cela ne va détériorer leurs conditions de travail déjà très dégradées, que ce soit dans les services ou les établissements. Nos élèves ont besoin d’enseignant.es mais aussi de personnels santé sociaux, de CPE et d’AED. En ce qui concerne le service social nous tenons à souligner que des lycées ne sont couverts qu’à mi-temps, alors même que leur public est issu de REP ou REP+. Certains collèges REP sont pris en charge par des Conseillères Techniques qui n’assurent leur service d’AS qu’à mi-temps. Les difficultés que nous rencontrons dans nos établissements doivent susciter des réponses de type socio-éducatives. L’exemple de la nomination d’un troisième proviseur adjoint au lycée Maurice Utrillo de Stains est à l’opposé de cela. Nous rappelons que les personnels mobilisés de l’établissement demandent que les moyens qui ont été alloués à la création de ce poste soient utilisés pour recruter des personnels éducatifs ou sociaux.
Les 112 emplois supplémentaires sont loin de couvrir l’augmentation démographique dans les collèges cristoliens. Il manque, dans la prévision 2019, 201 emplois pour seulement maintenir le taux d’encadrement prévu pour la rentrée 2018. Cette dotation de moyens de 2019 est dans la droite ligne du tournant de la dernière rentrée affichant un renoncement à toute politique d’éducation prioritaire dans le second degré. Les premières victimes de ce manque de moyens sont les élèves les plus fragiles : les élèves allophones qui voient les dispositifs UP2A dégradés par le manque d’heures d’enseignement ou la mise en place d’inclusions sans prise en compte des besoins des élèves. Cette analyse de la CGT se confirme malheureusement sur le terrain avec une dégradation des conditions de travail et d’études dans les collèges de notre académie. Les situations, entre autres, des collèges Jean-Baptiste Clément de Dugny et Irène et Frédéric Joliot Curie de Pantin illustrent ce constat.
Dans les lycées généraux et technologiques la situation se maintient, ou plutôt devrions-nous dire que les difficultés se maintiennent. Le déphasage constant ces dernières années entre moyens supplémentaires et hausse démographique a fortement dégradé le climat scolaire et les conditions d’apprentissage dans les établissements. Cette situation dégradée va de plus être percutée par la mise en place de la réforme du lycée, que nous continuons de dénoncer. Et ce ne sont pas les éléments apportés par vos services lors du groupe de travail académique sur la carte des enseignements de spécialité des classes de première générale pour la rentrée prochaine qui peut nous rassurer. Nos craintes ont été confirmées : la mise en œuvre pratique de la réforme correspond à son esprit en organisant le tri social des lycéen.es. Concernant les moyens horaires, les effectifs du Tronc Commun sont fixés à 35 pour une division. Non seulement, les conditions de travail des enseignants et d’étude des élèves vont devenir insupportables, mais cela réduira d’autant la marge supplémentaire (moins de division = moins d’heures). De plus les établissements les moins favorisés seront contraints d’utiliser la quasi-totalité de leur marge pour dédoubler sans pouvoir atteindre les effectifs moyens actuels. Les établissements les plus favorisés pourront quant à eux développer l’AP, les options, voire financer des projets.
Les effectifs des groupes de spécialités ne pourront être fixés qu’à l’issue du deuxième trimestre. Signe de l’impréparation de cette réforme, le rectorat n’avait pas anticipé les conséquences de cette date tardive sur les moyens horaires (les effectifs des groupes influent sur le calcul de la dotation), ni sur les postes (les enseignants victimes de la suppression de leur poste doivent pour bénéficier d’une mesure de carte scolaire participer au mouvement intra qui commence le 11 mars), ni sur les agents du rectorat qui subiront les conséquences de l’improvisation de leur direction.

Dans la voie professionnelle, ce sont 80 équivalent temps plein qui sont supprimés, et pour couronner le tout : des postes pérennes sont supprimés pour être transformée en HSA ! Ces 80 suppressions ne sont pas justifiées, alors même que le rectorat se permet toujours de ne pas respecter les horaires réglementaires en baccalauréat professionnel. La problématique des places vacantes nous apparaît comme un argument bien léger quand on sait que le taux d’encadrement reste inférieur à celui de 2011, et même surréaliste quand on connait les conditions de travail et d’étude dans la voie professionnelle. Les suppressions annoncées pour la rentrée 2020 doivent alerter les PLP de notre académie. Tout comme la voie générale et technologique, la voie professionnelle va être attaquée par une réforme que nous dénonçons. Alors que cette dernière prévoit une réduction de la formation en Gestion Administration avec un plan social de 1500 suppressions de postes à l’horizon 2022, la mise en place de trois familles de métiers dès septembre 2019, lors du groupe de travail sur la carte des formations professionnelles, le rectorat a présenté une carte aux organisations syndicales dans laquelle n’apparaissent pas les suppressions de divisions ni la mise en place des familles de métiers… Cette situation est inacceptable. C’est pourquoi la CGT a demandé la tenue de trois groupes de travail rapidement sur trois sujets : La mise en place des familles de métiers, l’évolution de l’offre de formation en Gestion Administration, et les moyens alloués au dispositif « classes » passerelles.
Les PLP de l’académie de Créteil doivent connaître l’ampleur des suppressions de postes en GA ainsi que les critères retenus par le rectorat pour justifier ces fermetures. Déjà l’an dernier, le rectorat a supprimé 13 postes de PLP éco-gestion administration au CTA de mars sans avoir au préalable présenté des fermetures de divisions dans cette spécialité lors du groupe de travail sur la carte des formations. L’administration doit jouer la transparence dans l’intérêt des collègues et des élèves, et chaque collègue de GA doit pouvoir être accompagné.e par les ressources humaines s’il ou elle le souhaite. Un protocole RH va être mis en place au niveau ministériel, il doit être décliné dans notre académie.
Les moyens alloués au dispositif « classes » passerelles et les choix d’implantation ont été mis en place dans la précipitation en juillet dernier, les dispositifs actuels ne répondent pas au projet de classes passerelles défendu par la CGT. Ce dispositif d’accueil des « recalé·es » de Parcours Sup, abondé en HSE et sans référentiel, entraîne une charge de travail trop lourde pour les personnels car sans cadre et en plus du temps de service obligatoire. Son évaluation, annoncée par vos services, doit être faite sérieusement et des dotations intégrées au DHG doivent être abondées. L’implantation de vraies classes passerelles vers le BTS, notamment dans les établissements accueillant des spécialités tertiaires, doit permettre de donner des perspectives aux élèves et aux personnels, notamment en GA.
Le gouvernement n’a pas l’ambition de l’émancipation de chaque jeune et n’est pas décidé à y consacrer les moyens nécessaires. Son choix politique consiste à organiser une sélection à l’entrée de l’université en particulier et de rajouter des barrières aux élèves les plus fragiles pour l’accès à l’enseignement supérieur en général. La CGT continue à dénoncer les contre-réformes mises en œuvre par Jean-Michel Blanquer qui rendent possible des milliers de suppressions de postes, elles modifient aussi en profondeur notre école et le sens de nos métiers. Nous condamnons depuis de très nombreux mois, la politique gouvernementale et les attaques contre les salaires, les pensions, les minimas sociaux et la protection sociale.
La CGT avec l’intersyndicale nationale appelle les lycéen.es et personnels à une grève massive le 24 janvier pour : le retrait de la réforme des lycées, du baccalauréat et de Parcoursup, l’abandon du projet de service national universel, l’arrêt des suppressions de postes, l’augmentation des salaires, le respect de la liberté d’expression et de manifestation.