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 Partenariat entre le rectorat et "Le choix de l’école" : stop au partenariat public-privé !

 

Depuis 2015, l’Éducation nationale a passé un partenariat avec l’association « Teach for France », émanation hexagonale de « Teach for America », une association qui sélectionne, parmi de jeunes diplômé·es le plus souvent issu·es des grandes écoles, des contractuel·les qui, après un mois de formation, sont envoyé·es devant les élèves des collèges de l’éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis. Derrière un discours généreux en faveur des quartiers populaires se cache en réalité une opération d’inspiration néolibérale.

« Le Choix de l’école » est une association mélangeant les genres, vivant des subventions publiques autant que du mécénat privé. Ces mécènes, qui jouent aussi un rôle dans la formation des diplômé·es recruté·es, sont des entreprises comme Société Générale ou encore Total, dont le premier souci n’est pas l’intérêt commun. Le Choix de l’école charrie une conception dangereusement simplificatrice du métier d’enseignant·e et sert d’avant-poste aux cercles d’influence néolibéraux dans les établissements scolaires publics : le président de son conseil d’administration, Laurent Bigorgne, proche de Jean-Michel Blanquer et éminence grise d’Emmanuel Macron sur les questions d’éducation pendant la dernière campagne présidentielle, dirige l’Institut Montaigne, un think tank (fondé en 2000 par Claude Bébéar, longtemps PDG d’Axa et figure tutélaire du patronat français) qui plaide notamment pour une augmentation du temps de travail et la réduction du budget de l’éducation. À sa naissance, en mai 2015, l’association, qui s’appelait encore Teach for France, était d’ailleurs domiciliée dans les locaux de l’Institut Montaigne, avant de prendre en avril 2018 son nouveau nom et de rejoindre les bâtiments qui abritent actuellement la coalition de l’Ascenseur placée sous les auspices de BNP Paribas.

Si le corps des inspecteur·rices est mis à contribution, son rôle est minime dans le recrutement et la formation des enseignant·es contractuel·les accompagné·es par Le Choix de l’école. C’est donc bien une externalisation du recrutement et de la formation à laquelle cette association procède en toute connivence avec l’État en Seine-Saint-Denis ! On recourt à des sociétés privées pour embaucher et « former » les personnels du service public ! Cette délégation en forme de renoncement de la part de l’État laisse donc le champ libre à un discours managérial, basé sur les « compétences », l’« humilité » et le sens de l’ « innovation » : une rhétorique qui correspond en tous points à celle des managers de sociétés privées dont le seul objectif est le profit.

Cette situation est d’autant plus inacceptable que dans le même temps, des centaines d’enseignant·es contractuel·les expérimenté·es et évalué·es favorablement par leur hiérarchie ne sont pas ré-employé·es ou sont déplacé·es loin d’un établissement où ils / elles avaient fait leurs preuves pour céder la place à des contractuel·les issu·es du Choix de l’école. Et ce, alors qu’encore aujourd’hui, des dizaines de postes ne sont pas pourvus, des centaines d’élèves attendent toujours des enseignant·es et des centaines de contractuel·le·s sont toujours au chômage, parfois même à quelques jours de leur CDI !

Lors d’une audience récente, le Rectorat de Créteil a admis « assumer pleinement le partenariat avec cette association », ce qui revient à dire que, dans notre académie, l’Éducation nationale assume de contrevenir aux règles d’affectation des personnels (titulaires et contractuel·les) dont elle est censée être la garante ! Tout ce qui touche à cette association est toujours très nébuleux : impossible d’avoir accès aux véritables chiffres d’affectations, impossible d’avoir accès au nombre de contractuel·les passant finalement les concours pour devenir enseignant·e (un but pourtant affiché par Le Choix de l’école), impossible d’avoir accès aux subsides publics alloués à cette association. Ce manque de transparence est inacceptable, d’autant que l’extension de ce dispositif figure parmi les 23 mesures spécifiques du plan d’action gouvernemental « L’État plus fort en Seine-Saint-Denis ».

Aussi, nos organisations syndicales CGT - FSU - FO - SUD demandent à l’Éducation nationale ainsi qu’aux collectivités territoriales de rompre ou renoncer à tout partenariat avec cette officine dans notre département. Nous demandons à l’État de réinvestir les moyens alloués à celle-ci dans la formation de contractuel·les recruté·es, accompagné·es et véritablement formé·es par l’Éducation nationale et de ré-employer tou·tes les contractuel·les sur des contrats d’un an afin de suppléer aux nombreuses vacances de postes avec pour finalité la titularisation de tou·tes.

Notre département n’a pas besoin de bons sentiments ou de la charité d’entreprises qui chercheraient à redorer leur blason, il a besoin de moyens et d’un plan d’urgence pour l’éducation.