Réforme des REP : un sabordage historique
En 2021, L’éducation prioritaire fêtera ses 40 années d’existence. Le ministre Blanquer lui réserve un cadeau de taille : sa liquidation pure et simple.
Fin 2020 sortait le projet Elimas sur l’Education prioritaire. La nomination de Nathalie Elimas comme secrétaire d’État en charge de ce secteur indiquait clairement la volonté ministérielle de réformer, c’est à dire à casser. L’objectif programmé vise la réduction de l’Éducation prioritaire à son minimum, tout en accentuant la concurrence entre établissements.
Comment ? Par la mise en place de « contrats locaux d’accompagnement » de trois ans, passés entre les rectorats et les établissements. Ces derniers vont être expérimentés dès la rentrée 2021 dans les académies de Lille, Nantes et Aix-Marseille. La généralisation du dispositif dans les établissements REP est prévue pour 2022. Son application dans les REP+ devrait suivre les années suivantes.
Alors qu’il aurait été possible d’envisager une refonte et un élargissement de la carte nationale des REP (729 collèges et leurs écoles de secteur), incluant notamment les lycées injustement exclus, il est prévu un système complexe, géré par chaque académie. Il attribuera une allocation progressive à des écoles et établissements exclus de la carte, en fonction de leur IPS (indicateur de position sociale) et sera ouvert aux établissements du privé. Ce dévoiement de l’argent public pour financer l’enseignement privé est inadmissible !
Si le ministère assure ne pas supprimer les REP, nul doute que ce sera la prochaine étape. Il souhaite en revanche garder la main sur les REP+ qui sont souvent un outil de dérégulation et développer les cités éducatives. Rappelons que ces dernières favorisent l’intrusion de plus en plus marquée des collectivités territoriales et des associations dans les projets d’établissements.
Dans notre département, plus de 8000 professeur-es des écoles, 7500 enseignant-es de collèges et plusieurs centaines de personnels administratifs, CPE, personnels médico-sociaux, sont employé-es en Education prioritaire.
Dans certaines villes comme Saint-Denis, 100% des écoles sont en REP ou REP+. Les personnels exerçant dans les villes les plus pauvres seront donc en première ligne de cette contre-réforme. Faut-il rappeler que depuis 2010, les agent-es ont perdu 14% de pouvoir d’achat en raison du gel du point d’indice. La disparition des rémunérations indemnitaires REP et REP+, va brider les revenus d’une majorité de collègues.
Si la recherche d’économies par le ministère est à peu près évidente, il s’agit aussi d’une réforme systémique. Elle s’appuie sur un fondement libéral que la CGT Éduc’Action conteste : la contractualisation. Elle soumettra les équipes à l’atteinte d’objectifs arbitraires définis en fonction des marottes et moyens du moment. Ces « contrats locaux d’accompagnement » de trois ans, passés entre les rectorats et les collèges, vont encore dégrader l’ambiance de travail en se focalisant sur une politique du chiffre et de l’évaluation permanente, comme prévu par la loi « Pour une École de la confiance ». Les méfaits de cette politique du contrat ont déjà pu être constatés à l’Hôpital.
En somme, cela accélèrera la concurrence entre les établissements en dégradant toujours la qualité du service public dans un département déjà éprouvé par la pauvreté. C’est un service public d’éducation au rabais, sélectif et dépouillé de ses moyens, qu’on souhaite offrir à nos élèves de Seine-Saint-Denis !
La CGT Éduc’Action 93 combat dès à présent la destruction programmée de l’Éducation prioritaire et en exige sa relance par une politique ambitieuse au service des élèves des milieux populaires. Pour la CGT, l’Éducation prioritaire doit être un moyen de donner plus à ceux qui ont moins, sans conditions. Dans notre département, cela passe par la création d’un plan d’urgence. C’est pourquoi nous appelons les personnels à se mobiliser.