Nouvelle prime REP+ : injustices et inégalités au RDV
Sur leur bulletin de mars 2022, les personnels des 207 écoles REP+ ont perçu la troisième partie de leur prime : un montant variable qui change en fonction de l’école. Résultats : les personnels de près de 50 écoles ont perçu la part la plus faible, 200 euros nets, tandis que la même proportion de collègues a reçu 600 euros nets de prime. Comment notre administration justifie un tel écart ? « La part modulable est attribuée sur la base d’objectifs collectifs d’engagement professionnel fixés au niveau national. » (Art 4.) La CGT fait le point sur une mesure inégalitaire pour laquelle nous avons tiré la sonnette d’alarme.
Ce que dit la loi et le rectorat :
Le décret n° 2021-825 du 28 juin 2021 instaure la part modulable de la prime REP+ visant à reconnaître “l’engagement collectif des équipes”. Elle est donc identique pour tous les agents d’une même école, mais différente entre les écoles d’un même réseau.
• 200 € nets (234 € bruts) pour 25% des agent-es.
• 360 € nets (421 € bruts) pour 50% des agent-es.
• 600 € nets (702 € bruts) pour 25% des agent-es.
• En revanche, aucune part modulable pour les IEN. Les inspecteurs vont tous percevoir 500 euros de prime, sans mise en concurrence entre paires de leur travail (arrêté du 28/06/21).
Notre analyse CGT : Ces quota traduisent la vision idéologique du ministère, qui ne tient pas compte de la réalité du terrain. Des collègues d’écoles voisine vont subir un différentiel de 400 euros net. Par cette politique, le ministère cherche à imposer un management agressif présupposant que la « performance » (concept totalement inapproprié dans l’Éducation National) serait améliorée par une compétition généralisée.
Des critères arbitraires, des collègues lésés
Janvier 2022, la CGT a appris avec consternation la nature des critères décidée par le rectorat :
« - Participation à vacances apprenantes / école ouverte
– Mise en œuvre de stages de réussite dans les écoles
– Taux d’élèves bénéficiaires de devoirs faits dans les collèges »
Des collègues nous ont alerté que la mise en place de ces dispositifs a été catastrophique dans certaines circonscriptions, ne permettant pas un égal accès à tous. Face à ce bricolage la DSDEN 94 a d’ailleurs pris la décision de ne pas respecter cette année les quotas et d’accorder le même montant à tous les PE de REP+.
Une prime à caractère discriminant, la DSDEN ne respecte pas le plan d’égalité
Nous alertons sur le caractère discriminatoire des critères retenus : les collègues hommes sont favorisés par les choix car ils sont davantage disponibles pour participer aux dispositifs hors temps de service. Déjà le bilan social du ministère a mis à jour que les hommes perçoivent davantage perçues par les hommes. Alors que le rectorat vient de s’engager dans le plan d’action académique pour l’égalité professionnelle.
La CGT alerte les collègues sur les effets négatifs de cette « prime variable » et sur la mise en concurrence des écoles qui ne constitue pas à nos yeux une avancée sociale. A terme cette prime risque de participer à la souffrance au travail (isolement, individualisation, concurrence entre salariés, etc.) et à l’épuisement du personnel : nous courrons toujours après dans l’espoir de boucler notre budget.
NON à la concurrence entre écoles et collèges qui provoque inévitablement un sentiment d’injustice voire de colère dans les écoles qui touchent le moins ;
NON à la concurrence entre personnels qui seront mis sous tension alors que la période actuelle nécessite surtout un retour à plus de sérénité. Cela risque à terme de dégrader les liens dans des équipes car certain·es se verront reprocher de ne pas en faire assez pour « toucher la prime » ;
NON à la logique de contractualisation et d’évaluation permanente sur des critères dont l’objectivité risque d’être purement théorique. Cela renforcera l’arbitraire et le sentiment d’être dépossédé de son métier ;
NON à l’exclusion des collègues qui, paradoxalement, ont les salaires les plus bas : les Assistant·es d’éducation et les AESH.
Pour la reconnaissance des personnels, la CGT Éduc’action exige et dit :
OUI au supplément de salaire fixe pour tous les personnels, enseignant·es ou pas ;
OUI à un temps de décharge indispensable en Éducation prioritaire pour tenir compte de la pénibilité ;
OUI à l’intégration du temps de concertation dans le service (et non en plus).
La CGT revendique sa suppression par intégration au salaire de base et appelle à agir pour la revalorisation du salaire fixe.